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mardi 23 février 2010

Relire l'HISTOIRE DE L'EGLISE


Certains chrétiens sont scandalisés de lire aujourd'hui les critiques adressées au Vatican ou au pape Benoît XVI. La tradition de l'Eglise, depuis les débats entre Paul et Pierre (voir épitre aux Galates) jusqu'à nos jours révèle que les papes n'ont pas toujours été épargnés. Cette lettre de de Saint Bernard de Clervaux au pape Eugène III , devenu pape en 1145 mérite d'être connue.
( Publiée sur le site de la Conférence des Baptisés de France: http://www.conferencedesbaptisesdefrance.fr/ ), 

I – « Désormais je parle à mon maître, je n’ose plus vous appeler mon fils, lui écrit Bernard. Celui qui me suivais a passé devant moi… 
L’Église exulte et glorifie le Seigneur de votre élection, mais au sein de l’Église la joie est plus grande encore dans cette communauté dont vous avez été l’enfant, dont vous avez sucé les mamelles. Quoi donc ? J’exulte moi aussi et pourtant je l’avoue j’ai peur. Ma joie est mêlée de crainte et de tremblements… Je vois la dignité où vous êtes élevé et de quelle hauteur maintenant vous pouvez tomber. »
II – « À voir la pompe qui t’entoure on te prendrait plutôt pour le successeur de Constantin que pour le successeur de saint Pierre. Contemple-toi d’un regard dénudé dans ta première nudité puisque tu es sorti nu des entrailles de ta mère. Es-tu donc né coiffé de la tiare, brillant de joyaux, chatoyant sous la soie, couronné de plumes ou constellé de métaux précieux ? Éloigne tous ces ornements, dissipe-les comme les éphémères nuées du matin… Tu ne verras plus alors qu’un homme nu, pauvre, malheureux, pitoyable, un homme né de la femme et donc héritier du péché, destiné à une vie brève et donc dans la crainte… »
III – « Qui t’a chargé de régler les héritages et de faire le partage des propriétés ? Les affaires infimes et terrestres ont leurs juges naturels, ce sont les princes et les rois de ce monde. Pourquoi empiéter dans le domaine d’autrui ?… Et alors quand prierons-nous, quand enseignerons-nous les peuples, quand édifierons-nous l’Église, quand méditerons-nous sur la loi ? Le palais retentit chaque jour des lois de Justinien et non celles du Seigneur. Est-ce juste ? »
IV – « Tu n’es pas le souverain des évêques, mais l’un d’entre eux, le frère de ceux qui aiment Dieu, le compagnon de ceux qui le craignent. Tu dois être au milieu d’eux comme le modèle de la justice, le miroir de la sainteté… l’ami de l’époux, le tuteur de l’épouse, la règle du clergé, le maître d’école des ignorants, l’avocat des pauvres, l’espoir des malheureux. ».

mercredi 6 janvier 2010

Le monde de 2010



      A l'aube de cette année nouvelle comment ne pas ressentir une fois de plus l'immense décalage entre ce monde qui rêve d'un avenir meilleur et notre Eglise  se crispe sur un passé qui s'efface de jour enjour. Quiconque échange avec les jeunes génération en aura la confirmation. Ce constat m'incite à poursuivre une double recherche : quels sont aujourd'hui les signes de l'Esprit qui se manifeste au cœur de ce monde et comment traduire la Parole de Dieu dans le langage de nos contemporains. J'ai lu avec plaisir que le vieux cardinal Poupard a dit ces jours-ci: "L'Eglise doit écouter avant de parler" et "il est temps de relire Lumen gentium" (un des grands textes du dernier Concile). 

 L'espérance, c'est comme un enfant nouveau-né!



   Je me permets de reprendre ici une prière rédigée pour un précédent livre : "Mais où va la religion?" Que le Seigneur nous entende au cours de l'année que nous abordons. 


PRIÈRE
Seigneur Jésus nous voici,
Portés par les traditions de nos pères,
Bercés par nos souvenirs d'enfance.

Nos enfants en quittant notre maison
Ont quitté ta maison. Où vont-ils ?
Reviendront-Ils au bercail ?

N'avons-nous pas fermé l'enclos ?
Barrières que nos certitudes.
Stérilité que nos habitudes.

N'est-ce pas toi qui déclarais :
"Le fils de l'homme à son retour,
trouvera-t-il encore la foi sur la terre" ?

Mais tu as dit aussi, il est vrai :
« On ne verse pas le vin nouveau
dans de vieilles outres.
On ne coud pas un tissu neuf
sur des habits rapiécés. »

Seigneur,
nous  tenons à nos vieilles outres,
Nos souvenirs de famille, notre héritage.
Nos habits rapiécés

qui nous vont comme un
gant. 


Merci de nous rappeler 


Que le Vin nouveau fermente,


Et que le souffle de l'Esprit 
déchire nos vieilles défroques

dimanche 20 décembre 2009

NOËL 2009, NAISSANCE POUR UN MONDE NOUVEAU ?


  


Joyeux Noël à tous,
    Dans l'esprit de cette fête, qui perd de plus en plus son sens au profit des marchands, je voudrais faire le point sur les sujets qui me tiennent à cœur, en particulier concernant la mission des chrétiens dans le monde présent.

    Il est de plus en plus évident qu'un outil tel qu'Internet est en passe de devenir une manière de communiquer, de débattre et de contourner la parole des pouvoirs quels qu'ils soient. Ce blog peut donc modestement contribuer à faire circuler une parole libre et accessible à tout internaute.

   Je n'ignore pas que le meilleur et le pire circulent  sur cet espace. A ce sujet, je voudrais attirer l'attention  sur certains textes et diaporamas qui tentent aujourd'hui de façon insidieuse à susciter des réactions nationalistes, sinon racistes et que des personnes vont diffuser sans malice à leurs amis. Thème favori: les étrangers sont mieux traités que les bon français!  Je trouve personnellement que ces "pièces jointes" font actuellement le jeu du Front National qui redresse la tête. 

   J'ai découvert ces derniers temps deux articles très intéressants parus dans la revue "Esprit":
1° de Jean-Claude Eslin, L'Eglise catholique : l'illusion autoprotectrice, n° de novembre 2009 et
2°de Jean François Buthors, La hiérarchie catholique et les baptisé-e-s de France, dans le n° de décembre 2009. Pour les lecteurs de ce blog qui n'auraient pas la possibilité de lire ces articles ou de se procurer la revue je me permets d'en présenter quelques citations.

PRÊTRES POUR UNE FORTERESSE ASSIEGÉE

   Le premier article critique une intervention du secrétaire de la congrégation pour l'éducation catholique adressée à des responsables de séminaires. "Il présente ses consignes et ses solutions sur un fond de tableau d'effondrement de la culture chrétienne. Le discours provoque un sentiment bizarre: comme si c'était l'esprit du monde qui était responsable des problèmes de l'Eglise. Il se plaint de la sécularisation mais jamais ne met en cause les responsabilités de Eglise elle même (.…) En choisissant une orientation pour les jeunes prêtres, Mgr Bruguès définit aussi une orientation pour l'Eglise entière: le tableau est désolant : une petite troupe bardée de certitudes, sûre d'elle, relevant fièrement d'une contre-culture. Les orientations données ici sont la conséquence logique et l'accentuation de l'état de fait accepté depuis vingt ans: la déshérence des paroisses et le refus de s'interroger sur les ministères chrétiens. Mais ce n'est pas la paroisse d'allure rustique et prosaïque, qui inquiète! Seul le statut du prêtre, sacralisé, compte à ces yeux!" 
   Pour parer au manque de doctrine des jeunes, Mgr Bruguès "préconise en toute lettres le Catéchisme de l'Eglise catholique comme base de départ de l'enseignement en lieu et place d'une formation à l'esprit critique dans l'étude des Ecritures. Autrement dit : obéissez à l'Eglise et ne regardez pas de trop près les Ecritures qui pourraient vous donner l'esprit critique! Une reprise en main. Avec ces séminaristes qui se présentent, nous avons encore une petite parcelle d'autorité  allons-y! Même si on nous écoute de moins en moins, nous sommes au moins sûrs d'obtenir un écho dans la tranche traditionnelle."

   J.C. Eslin critique longuement l'orientation qui tend à isoler la formation du prêtre de la culture environnante : "Séparer un nouvelle fois le prêtres du monde est un risque que l'histoire n'encourage pas à courir, quand on se souvient de l'histoire française depuis la Révolution, marquée par le retrait du prêtre devenu étranger à la "culture" entre1840 et 1940. (…) Le refus de s'interroger sur les ministères a entraîné - au moins comme un cause partielle - la fermeture des paroisses sans autre état d'âme, le retrrécissement dramatique du réseau chrétien dans un pays comme la France, et aujourd'hui l'appel désespéré aux prêtres africains dans tous les diocèses. Un déni de la réalité. Mais c'est un vieux réflexe: de tout temps l'Eglise catholique a préféré le maintient de sa structure hiérarchique et la vérité venue d'en haut à l'accueil des initiatives venant d'en bas."

"LE VIEUX MEURT ET LE JEUNE HÉSITE A NAÎTRE"

  Le 2e article cité fait suite à la transformation du "Comité de la jupe" en "Conférence des baptisé-e-s de France" (Voir blog du 15 octobre), et souligne pour commencer le besoin de faire exister une opinion publique à l'intérieur de l'Eglise catholique en faisant remarquer que l'institution n'a pas pris la mesure de l'évolution provoquée par les débats qui ont agité l"année 2009.

    "Pour les clercs il semble que la page a été tournée. Les évêques français semblent aujourd'hui surtout préoccupés par des problèmes de finance et d'administration de leurs diocèses : l'âge toujours plus vieillissant du clergé et le rétrécissement rendent leur tâche très difficile. Plus encore, une fracture se dessine entre la f'range la plus jeune du clergé et les anciens, ceux qui furent les témoins de l'aggiornamento, voulu par Jean XXIII avec le concile Vatican II. (…) Face à cette situation l'épiscopat français semble assez largement déboussolé et partagé entre ceux qui croient qu'il faut essayer de revenir aux vieilles recettes pour surmonter la crise, et ceux qui ont conscience que cela ne suffira pas et que l'importation d'un clergé étranger - africain notamment, mais aussi centre européen - n'est qu'un cautère sur une jambe de bois. Faute de savoir quoi faire, nombre d'évêques français se rallient bon gré mal gré au discours pontifical contre le "relativisme" et la "culture de mort", comme explication du recul du catholicisme dans les pays de vieille chrétienté. 
   En réalité, l'ampleur du débat qui avait suivi l'affaire Williamson montre que la crise est d'une nature bien différente. Ce n'est pas le désintérêt pour le catholicisme qui s'est ainsi manifesté, mais le fait que les laïcs catholiques sont de plus en plus nombreux à vouloir sortir de l'âge de l'enfance dans lequel la plupart des clercs les voient encore, et où d'aucuns entendent même les maintenir. Cette résistance ou ce passéisme des clercs résulte d'une profonde incompréhension de la manière dont joue la foi dans le monde contemporain et, pour un petit nombre, d'une claire volonté de pouvoir. (…) Ce qui se passe n'est pas le témoignage de l'échec de Vatican II, comme d'aucuns le prétendent mais au contraire la marque de son succès. (…) Les catholiques se sont mis à lire la Bible, à la méditer, à en discuter… Ils ont acquis pour nombre d'entre eux des connaissances théologiques, certes partielles, mais assurément bien plus riches que celles des generations précédentes. (…) Si bien que la crise que traverse l'Eglise est une crise de modernisation. Une crise largement amplifiée par les effets multiplicateurs de l'internet et des moyens modernes de communication. (…) Les tensions sont donc fortes et les enjeux décisifs. C'est une crise que décrivent à la perfection les mots du révolutionnaire italien : "Le vieux se meurt et le jeune hésite à naître". Le vieux ce n'est pas le christianisme en tant que tel, mais la manière dont il s'exprime, dont il se vit, dont il est structuré, non pas depuis toujours mais depuis le XIX° siècle: le jeune qui hésite à naître, c'est la traduction de la foi dans le monde d'aujourd'hui…
   Or la foi n'est pas un corpus de valeurs qu'il faudrait restaurer, c'est croire que la vie - en la personne du Christ qui a épousé la condition humaine jusqu'à la mort - ne cesse de s'ouvrir à nous, dans la traversée même des épreuves et des difficultés qui se présentent, dès lors que nou nous y engageons tout notre être dans une démarche qui allie indissolublement l'amour et la justice."

A la demande d'un lecteur de ce blog voici les références de mon ouvrage:
"Prêtres autrement, ouvrons le débat", Editions Beaurepaire, 15 €
Sur internet : Fnac.com/livres ; Amazon.com ; PriceMinister.com
ou chez l'auteur : paul.maire57@gmail.com

Joyeux Noël 
pour que ce qui est jeune 
n'hésite pas à naître dans nos vies…