mardi 28 décembre 2010

Nous construirons l'Année 2011 au jour le jour


    En cette période des vœux, ne croyons pas à la magie, ni aux horoscopes, ni aux miracles qui tomberaient du ciel. En souvenir des moines de Tibérine, méditons cette pensée de Christian de Chergé que vient de me'envoyer un ami :

Nous n'avons qu'un seul jour pour faire de l'éternel : 
c'est aujourd'hui.

samedi 25 décembre 2010

NOËL, Naissance et renaissance




   La gestion d'un Blog demande un suivi régulier et je m'aperçois, hélas que le mien est resté en panne depuis mars. Je souhaite donc, à l'occasion de la fête de la Nativité, et avant que cette année 2010 se termine ranimer ce lien en faveur de mes amis et relations.

     A tous JOYEUX NOÊL, en sachant que cette fête n'a pas la même signification pour chacun et chacune. Entre Jésus et le père noël, il n'y a pas photo. L'homme en rouge est nettement plus vendeur. Reste que cette fête révèle au moins un besoin profond de bonté, une aspiration à la paix, dans ce monde marqué par la violence, un besoin aussi de se retrouver en famille et de privilégier l'enfant et l'enfance dont nous gardons la nostalgie au creux de nos rêves. Les cadeaux font-ils  oublier que l'enfant est lui-même un cadeau, comme celui cela crèche?

 J'avoue que le folklore, y compris tout ce que le peuple chrétien a mis en ouvre depuis dix-sept siècles (354 exactement) pour marquer l'événement de la venue de Dieu en notre chair, y compris l'initiative de François d'Assise de réaliser une crèche vivante pour montrer le réalisme de l'événement, masquent plus qu'ils ne révèlent le mystère de Noël.  Toutes nos idées de Dieu s'écroulent. D'entrée de jeu Jésus entre dans le monde par la porte d'une écurie qui sent le crottin. Les potentats sont hors de courses et les curés de l'époque  à côté de la plaque, au profit de quelques marginaux incultes et de curieux magiciens qui marchent à l'étoile faute de g.p.s. D'emblée s'ouvre pour cet enfant une aventure pleinement humaine. Cinquante ans après cette naissance trois évangélistes ont essayé de reconstituer l'événement en utilisant des images pleinement cohérentes avec ce Jésus qui leur avait révélé à savoir que Dieu se manifeste dans la faiblesse, sans autre puissance que celle de l'AMOUR. Si j'attendais autre chose de DIEU, comme Hérode et Pilate, et tous les pouvoirs de ce monde, comme les grands-prêtres et les modernes croisés d'un ordre chrétien, j'en serais pour mes frais. 
    
  J'aime beaucoup cette citation de Simone Weil (1909 - 1943) :
Dieu qui est tout, s'est retiré, afin que nous créatures puissions être. D'où l'essentielle absence de Dieu, dans le monde, cet abandon du monde au règne aveugle de la force; d'où aussi sa présence secrète, qui est cette possibilité offerte à l'homme de renoncer, comme Dieu, à commander partout où il en a le pouvoir.

 

samedi 20 mars 2010

MISERABLES VASES D'ARGILE


    A l'occasion d'un salon du livre où je présentais mes ouvrages sur l'Eglise, je posais à tous ceux qui s'arrêtaient devant mon stand  la question suivante : "Etes vous intéressé par l'avenir de l'Eglise ?" La plupart du temps la réponse fusait sans autre commentaire : "Avec tout ce qui se passe actuellement dans l'Eglise !" Je me suis dit que notre Eglise aurait bien du mal à s'en remettre. J'ai depuis été sollicité par l'hebdomadaire La Vie pour m'exprimer sur les scandales de la pédophilie qui éclatent en ce moment. Je livre donc ici la réponse que j'ai essayé de formuler.





   La pédophilie est d'abord et avant tout un acte d'une gravité exceptionnelle. C'est une atteinte à la personnalité profonde d'un être. Ce crime ne devrait sous aucun prétexte être soustrait à la justice des hommes. La réaction de l'opinion publique ainsi que l'évolution de la législation concernant ce genre de délit doit être salué comme un progrès moral de l'humanité. Le scandale provoqué par la révélation de telles affaires dans l'Eglise, après tant d'années de silence, , doit être regardé en face. Il ne serait pas sain de relativiser les faits sous prétexte qu'ils se produisent aussi dans d'autres religions ou institutions, ni d'accuser le célibat des prêtres. Ceci dit, ce qui décrédibilise l'Eglise est bien l'écart qui existe entre la sévérité de ses condamnations morales, en particulier à l'égard de tout ce qui touche à la sexualité (contraception, homosexualité, remariage des divorcés, etc…), et sa trop grande indulgence vis-à-vis des déviations et faiblesses de ses propres membres. La hiérarchie catholique se déconsidère en refusant (comme dans l'affaire Galilée) de prendre en compte l'analyse que les sciences humaines développent  concernant la culture contemporaine. le corps humain en général, et la sexualité en particulier. Sa prétention à détenir en exclusivité la vérité en ce domaine devrait faire place à une grande humilité. Enfin, même s'il ne s'agit pas là d'une garantie absolue à l'égard de déviances possibles de ses ministres, se pose la question du statut du prêtre, de son libre choix par rapport au célibat, l'appel au sein et par les communautés chrétiennes de fidèles expérimentés, formés en priorité dans ce contexte pastoral. Les événements douloureux qui affectent le témoignage de l'Evangile par ses propres membres me renvoient à cette phrase de saint Paul : "Nous portons des trésors dans des vases d'argile". Les fêlures et les écailles de la poterie que nous sommes, sont le rappel de notre humaine faiblesse.

jeudi 25 février 2010

LA VIE MÊLÉE


Je ne résiste pas au plaisir de diffuser cette approche théologique très éclairante par les temps qui courent. En effet je trouve que dans la pastorale de l'Eglise la dimension sociale de la vie se trouve progressivement délaissée au profit quasi exclusif de la pratique religieuse. D'où la distance prise avec l'Action catholique, ses méthodes et son histoire. Quelle place lui est accordée dans les séminaires? Même si ce texte peut paraître compliqué à certains, il gagne à d'être débattu et approfondi en groupe.

La vie mêlée, lieu de la révélation chrétienne

Par Etienne Grieu
Que les combats de la solidarité et de la justice coïncident avec le cœur de la vie d’un croyant n’a rien d’évident. Spontanément, en effet, nous cherchons la source de la foi du côté d’une expérience pure, une expérience où il ne soit question que de Dieu : pouvoir le contempler face à face, indépendamment de tout ce qui d’habitude brouille ce cœur à cœur. Quitte à simplifier beaucoup, on pourrait dire que pour les protestants, cette source pure serait du côté des Ecritures, pour nombre de catholiques, auprès des Sacrements, et pour les orthodoxes, dans la Liturgie (on doit alors ganter ces mots de majuscules). Evidemment, si l’on prend ce critère, l’action caritative et les démarches militantes arrivent loin derrière. Elles partent en effet avec un sérieux handicap : le social, et a fortiori le politique, sont des domaines de tensions, de conflits d’intérêts, voire de violence. Rien de pur en ce domaine ; ou plutôt, presque rien. Car le pur y fait malgré tout de rares apparitions, mais il est alors à coup sûr affublé d’un acolyte patibulaire : l’adjectif « dur » vient compenser sa fragilité native. On parle alors de « pur et dur » ; et aussitôt, tout le monde ne pense plus qu’à chercher la porte de sortie pour les laisser, ces deux-là, faire leur numéro, qui en général se termine mal.
Reconnaître l’engagement social comme lieu source pour la foi invite à admettre que dans notre religion, il n’y a rien de pur. Rien que l’on puisse opposer de manière franche et nette à un « impur » qui serait, lui, radicalement inapte à recevoir la visite de Dieu. Etonnant ? Pas du tout. Le lieu naturel de la révélation chrétienne, c’est la vie mêlée : celle où tout est mélangé, où l’on ne comprend pas grand-chose, où l’on est souvent déçu, où l’on ne sort jamais tout à fait des malentendus et des tensions. Jésus, le Galiléen, était en ces lieux-là comme un poisson dans l’eau et savait y reconnaître le don du Père.
C’est que la vie divine est bien autre chose, pour les chrétiens, qu’un morceau de Ciel tombé sur terre. Tout comme le récit biblique, elle passe par les hommes, y compris par leurs soifs, leurs tâtonnements et leurs erreurs. Rien d’étonnant, dès lors, que la « vie mêlée » soit son lieu de prédilection. Pour sentir en ouvrant ses mains la promesse d’une réconciliation, il faut avoir serré les poings ; pour se livrer à la parole heureuse, il faut savoir quel peut être le poids du silence ; pour entendre les appels comme une promesse, il faut connaître la tentation de rester sourd. Dans l’icône de la résurrection, on voit le Christ qui, sans doute d’un grand coup d’épaule, a fracassé les portes du séjour des morts. C’est ainsi qu’il ouvre dans l’humanité un passage vers le Père : en faisant voler en éclats les verrous et les barres. Du coup, tout ce qui nous divise, nous sépare, nous oppose, tout ce qui est injuste ou blessant peut être vu comme ce qui appelle le passage de Dieu. Se tenir en ces lieux difficiles, c’est se porter à un rendez-vous en un endroit insolite, et signifier par sa simple attente qu’ici, une rencontre doit advenir.
Raisonner en ces termes conduit à élargir le spectre de ce qui sous-tend l’engagement des croyants. Lorsque je prends au sérieux la vie de mon quartier, de ma commune, de mon entreprise, lorsque je me dépense pour une association ou une section syndicale, ce n’est pas seulement pour être au clair avec moi-même et réjouir ma conscience. Loin d’être une simple question de cohérence et d’éthique, on peut y déceler aussi un rendez-vous d’ordre « sacramentel », un rendez-vous avec Celui qui sait trouver des passages là où l’humanité se complique. Si j’ai compris cela alors, lorsque je me tiendrai à l’église devant l’autel, ce qui s’y célèbre prendra un tout autre relief. L’eucharistie pourra être reçue comme le signe vivant d’un chemin ouvert au cœur des pires fermetures.
Facile à dire, mais comment faire ? Qu’est-ce qui peut aider les chrétiens engagés dans la vie publique à vivre leurs combats, grands et petits, comme un rendez-vous avec le Christ ? Cela suppose certainement de ne pas vivre cela seul, mais de trouver les occasions pour le partager avec d’autres. Et naturellement, se laisser travailler par la Parole de Dieu (lecture de la Bible), façonner par les gestes du Christ (célébration des sacrements) ou accueillir dans l’amour de Dieu (prière) peut aussi beaucoup aider. Vaste programme ! Trop lourd, trop chargé pour des personnes qui ont peu de temps. Mais en même temps, ce tricotage patient de la vie publique avec la quête de Dieu ne peut pas être l’affaire des seuls chrétiens engagés dans la cité ; c’est toute l’Eglise qui est appelée à entrer dans cette sorte de conversation où l’on trouve les mots et les expressions pour dire comment notre vie, sur ses lieux les plus risqués, a été touchée par le Christ. Lorsqu’une communauté ou une paroisse s’engage sur ce chemin, elle trouvera certainement des gestes, des manières d’être, pour dire la joie de cette rencontre et de cette attente. Ceux qui en son sein font davantage l’expérience de l’engagement social pourront en bénéficier, et se sentiront à l’aise pour partager ce qu’ils vivent, d’une manière ou d’une autre. En retour, l’Eglise y gagnera beaucoup, elle aussi : le visage de son Christ s’en trouvera enrichi, certains de ses traits prendront du relief ou se chargeront de couleurs vives. Les liens tissés dans l’humanité n’ont pas fini de nous Le faire redécouvrir.

Etienne Grieu, Centre Sèvres

Etienne Grieu est professeur de théologie au Centre Sèvres.

Pour citer cette page

Etienne Grieu et Bertrand Cassaigne, « Quand la foi est sociale… », Ceras - revue Projet n°296, Janvier 2007. URL : http://www.ceras-projet.com/index.php?id=567.

mardi 23 février 2010

Relire l'HISTOIRE DE L'EGLISE


Certains chrétiens sont scandalisés de lire aujourd'hui les critiques adressées au Vatican ou au pape Benoît XVI. La tradition de l'Eglise, depuis les débats entre Paul et Pierre (voir épitre aux Galates) jusqu'à nos jours révèle que les papes n'ont pas toujours été épargnés. Cette lettre de de Saint Bernard de Clervaux au pape Eugène III , devenu pape en 1145 mérite d'être connue.
( Publiée sur le site de la Conférence des Baptisés de France: http://www.conferencedesbaptisesdefrance.fr/ ), 

I – « Désormais je parle à mon maître, je n’ose plus vous appeler mon fils, lui écrit Bernard. Celui qui me suivais a passé devant moi… 
L’Église exulte et glorifie le Seigneur de votre élection, mais au sein de l’Église la joie est plus grande encore dans cette communauté dont vous avez été l’enfant, dont vous avez sucé les mamelles. Quoi donc ? J’exulte moi aussi et pourtant je l’avoue j’ai peur. Ma joie est mêlée de crainte et de tremblements… Je vois la dignité où vous êtes élevé et de quelle hauteur maintenant vous pouvez tomber. »
II – « À voir la pompe qui t’entoure on te prendrait plutôt pour le successeur de Constantin que pour le successeur de saint Pierre. Contemple-toi d’un regard dénudé dans ta première nudité puisque tu es sorti nu des entrailles de ta mère. Es-tu donc né coiffé de la tiare, brillant de joyaux, chatoyant sous la soie, couronné de plumes ou constellé de métaux précieux ? Éloigne tous ces ornements, dissipe-les comme les éphémères nuées du matin… Tu ne verras plus alors qu’un homme nu, pauvre, malheureux, pitoyable, un homme né de la femme et donc héritier du péché, destiné à une vie brève et donc dans la crainte… »
III – « Qui t’a chargé de régler les héritages et de faire le partage des propriétés ? Les affaires infimes et terrestres ont leurs juges naturels, ce sont les princes et les rois de ce monde. Pourquoi empiéter dans le domaine d’autrui ?… Et alors quand prierons-nous, quand enseignerons-nous les peuples, quand édifierons-nous l’Église, quand méditerons-nous sur la loi ? Le palais retentit chaque jour des lois de Justinien et non celles du Seigneur. Est-ce juste ? »
IV – « Tu n’es pas le souverain des évêques, mais l’un d’entre eux, le frère de ceux qui aiment Dieu, le compagnon de ceux qui le craignent. Tu dois être au milieu d’eux comme le modèle de la justice, le miroir de la sainteté… l’ami de l’époux, le tuteur de l’épouse, la règle du clergé, le maître d’école des ignorants, l’avocat des pauvres, l’espoir des malheureux. ».

vendredi 19 février 2010

UNE PRIÈRE VENUE DE HAÏTI




  Voici une prière qui sent bon la Bible.
Des frères dans l'épreuve savent retrouver dans leur foi les mots qui sonnent juste. Des mots de notre temps qui collent à l'événement et à notre sensibilité.








De nos amis haïtiens…

La terre s’est secouée comme un animal féroce,
Les montagnes ont tremblé et la mer s’est déchaînée,
Les sols se sont ouverts et les bâtiments détruits,
Un peuple fatigué de tant souffrir, souffre de nouveau.
Nous avons vu leurs visages et entendu leurs pleurs,
Les images sursautaient et frappaient,
Les êtres humains déambulaient, corps écrasés,
Destruction et mort, douleur et angoisse
À travers le tremblement de terre cruel et dévastateur.
Mais Dieu n’était pas dans le tremblement de terre…

Enfants sans mère, mère sans enfants,
Frères sans frères, amis sans amis,
Des milliers de vies écrasées à la seconde.
Histoires, espérances, rêves, illusions,
Disparues en un clin d’œil.
L’horreur a laissé sa marque indélébile
Dans les regards perdus, dans les visages désolés,
Dans les morts, les blessés, les mutilés,
Dans chaque vie blessée par l’inattendu.
Mais Dieu n’était pas dans le tremblement de terre…

Quelqu’un a crié sa frayeur, d’autres voix se sont élevées,
Quelqu’un a élevé une prière, d’autres ont suivi,
Quelqu’un a chanté, beaucoup ont chanté.
Quelqu’un a écarté les décombres,
Et d’autres ont commencé à soulever des pierres,
Quelqu’un a embrassé un blessé
Et d’autres l’ont chargé dans leurs bras.
Quelqu’un a tendu une main
Et des milliers de mains se sont unies
Et Dieu était avec eux !

samedi 13 février 2010

Année sacerdotale





Je viens d'ouvrir une chronique sur le site du journal LE MONDE (https://mail.google.com/mail/?account_id=paul.maire57@gmail.com#buzz), elle concerne l'"Année sacerdotale" initiée par le pape et qui n'est pas à mes yeux sans poser de problèmes. Pour ceux qui auraient du mal à y accéder je la reproduis ici.

Chronique sur le site du journal LE MONDE

Le 29 juin dernier sans consulter ses frères dans l'épiscopat, le Pape Benoît XVI ouvrait une année “ sacerdotale ”. Surprise dans le monde catho. Les uns se réjouissent, mais d'autres s'interrogent. En effet, ce lancement bénéficie du patronage de Jean-Marie Vianney, plus connu sous le vocable de “ Curé d'Ars ” dont on célèbre le 150e anniversaire de la mort. Loin de mettre en cause les mérites de ce saint prêtre, force est de reconnaître que son ministère aussi bien que sa spiritualité portent la marque d'une époque et d'un contexte social fort éloignés de la vie des prêtres d'aujourd'hui. Nommé en 1818 curé d'un misérable village des Dombes, talonné toute sa vie par la vision tragique du péché du monde et de sa propre indignité, tenté par moments de s'enfuir, il trouva dans cette épreuve de dénuement un chemin de sainteté et la consolation de voir les foules converger vers lui. Sa conception du prêtre porte l'empreinte de la Contre réforme qui réagissait contre les conceptions protestantes. Il suffit d'en citer ici quelques échantillons : “ Après Dieu le prêtre c'est tout… Si nous avions la foi, nous verrions Dieu caché dans le prêtre comme une lumière derrière la vitre… Le prêtre ne se comprendra bien que dans le ciel. Si on le comprenait sur terre, on mourrait, non de frayeur mais d'amour. " Une telle sacralisation du prêtre laisse dans l'ombre le baptême chrétien qui nous fait participer au sacerdoce du Christ. Les théologiens jugeront.

   Accepter ce patronage, même si nous trouvons la figure discutable, n'empêche pas de se poser des questions autrement importantes sur le déroulement de cette “ année sacerdotale ”. Les différentes initiatives qui répondent dans les diocèses à l'appel du Saint Père restent cantonnées aux pratiques traditionnelles en faveur de la pastorale des vocations : prière, adoration, relance de l'appel et collectes pour les séminaires. Les seules nouveautés résident dans les pèlerinages au pays du curé d'Ars et des attributions d'indulgences. Nulle part ne sont pris en compte les véritables besoins de l'Eglise concernant les ministères, comme si la crise du clergé se résumait à une baisse de recrutement. Personne n'a le courage d'évoquer et de débattre des modalités de l'appel, de la formation actuelle dans les séminaires, du statut du prêtre et de son rapport à la mission dans la société dans laquelle nous vivons, de l'accès à la prêtrise des hommes mariés sans parler de cette possibilité pour des femmes, voire d'une autre répartition des ministères entre les baptisés.

    Le débat est souvent écarté sous prétexte qu'à travers le monde, en particulier au sein des jeunes églises, les vocations affluent et que notre situation particulière est tout simplement due à la sécularisation et au matérialisme des sociétés occidentales. Comment ne pas percevoir que ces pays riches en vocations seront probablement, un jour ou l'autre, la mondialisation aidant, pénétrés par la modernité et la sécularisation qui les introduiront dans de nouveaux rapports à la religion. Faute de comprendre les véritables causes de la crise du clergé, il serait vain d'espérer un retour aux riches heures de la chrétienté qui a connu des temps fastes pour le clergé. Il serait bien dommage que cette année consacrée au prêtre empêche notre Eglise de relever le défi que la période actuelle présente. L'audace des premiers chrétiens stimulés par l'Esprit de Jésus-Christ leur a permis de se donner les apôtres dont elle avait besoin pour remplir sa mission. Le conservatisme et le repli, trop souvent confondus avec la Tradition, n'ont jamais porté le sceau de l'Esprit Saint. S’il faut prier, c’est avant tout pour que cet Esprit inspire les responsables de notre Eglise

Paul Maire

12 FÉVRIER 2010