dimanche 20 décembre 2009

NOËL 2009, NAISSANCE POUR UN MONDE NOUVEAU ?


  


Joyeux Noël à tous,
    Dans l'esprit de cette fête, qui perd de plus en plus son sens au profit des marchands, je voudrais faire le point sur les sujets qui me tiennent à cœur, en particulier concernant la mission des chrétiens dans le monde présent.

    Il est de plus en plus évident qu'un outil tel qu'Internet est en passe de devenir une manière de communiquer, de débattre et de contourner la parole des pouvoirs quels qu'ils soient. Ce blog peut donc modestement contribuer à faire circuler une parole libre et accessible à tout internaute.

   Je n'ignore pas que le meilleur et le pire circulent  sur cet espace. A ce sujet, je voudrais attirer l'attention  sur certains textes et diaporamas qui tentent aujourd'hui de façon insidieuse à susciter des réactions nationalistes, sinon racistes et que des personnes vont diffuser sans malice à leurs amis. Thème favori: les étrangers sont mieux traités que les bon français!  Je trouve personnellement que ces "pièces jointes" font actuellement le jeu du Front National qui redresse la tête. 

   J'ai découvert ces derniers temps deux articles très intéressants parus dans la revue "Esprit":
1° de Jean-Claude Eslin, L'Eglise catholique : l'illusion autoprotectrice, n° de novembre 2009 et
2°de Jean François Buthors, La hiérarchie catholique et les baptisé-e-s de France, dans le n° de décembre 2009. Pour les lecteurs de ce blog qui n'auraient pas la possibilité de lire ces articles ou de se procurer la revue je me permets d'en présenter quelques citations.

PRÊTRES POUR UNE FORTERESSE ASSIEGÉE

   Le premier article critique une intervention du secrétaire de la congrégation pour l'éducation catholique adressée à des responsables de séminaires. "Il présente ses consignes et ses solutions sur un fond de tableau d'effondrement de la culture chrétienne. Le discours provoque un sentiment bizarre: comme si c'était l'esprit du monde qui était responsable des problèmes de l'Eglise. Il se plaint de la sécularisation mais jamais ne met en cause les responsabilités de Eglise elle même (.…) En choisissant une orientation pour les jeunes prêtres, Mgr Bruguès définit aussi une orientation pour l'Eglise entière: le tableau est désolant : une petite troupe bardée de certitudes, sûre d'elle, relevant fièrement d'une contre-culture. Les orientations données ici sont la conséquence logique et l'accentuation de l'état de fait accepté depuis vingt ans: la déshérence des paroisses et le refus de s'interroger sur les ministères chrétiens. Mais ce n'est pas la paroisse d'allure rustique et prosaïque, qui inquiète! Seul le statut du prêtre, sacralisé, compte à ces yeux!" 
   Pour parer au manque de doctrine des jeunes, Mgr Bruguès "préconise en toute lettres le Catéchisme de l'Eglise catholique comme base de départ de l'enseignement en lieu et place d'une formation à l'esprit critique dans l'étude des Ecritures. Autrement dit : obéissez à l'Eglise et ne regardez pas de trop près les Ecritures qui pourraient vous donner l'esprit critique! Une reprise en main. Avec ces séminaristes qui se présentent, nous avons encore une petite parcelle d'autorité  allons-y! Même si on nous écoute de moins en moins, nous sommes au moins sûrs d'obtenir un écho dans la tranche traditionnelle."

   J.C. Eslin critique longuement l'orientation qui tend à isoler la formation du prêtre de la culture environnante : "Séparer un nouvelle fois le prêtres du monde est un risque que l'histoire n'encourage pas à courir, quand on se souvient de l'histoire française depuis la Révolution, marquée par le retrait du prêtre devenu étranger à la "culture" entre1840 et 1940. (…) Le refus de s'interroger sur les ministères a entraîné - au moins comme un cause partielle - la fermeture des paroisses sans autre état d'âme, le retrrécissement dramatique du réseau chrétien dans un pays comme la France, et aujourd'hui l'appel désespéré aux prêtres africains dans tous les diocèses. Un déni de la réalité. Mais c'est un vieux réflexe: de tout temps l'Eglise catholique a préféré le maintient de sa structure hiérarchique et la vérité venue d'en haut à l'accueil des initiatives venant d'en bas."

"LE VIEUX MEURT ET LE JEUNE HÉSITE A NAÎTRE"

  Le 2e article cité fait suite à la transformation du "Comité de la jupe" en "Conférence des baptisé-e-s de France" (Voir blog du 15 octobre), et souligne pour commencer le besoin de faire exister une opinion publique à l'intérieur de l'Eglise catholique en faisant remarquer que l'institution n'a pas pris la mesure de l'évolution provoquée par les débats qui ont agité l"année 2009.

    "Pour les clercs il semble que la page a été tournée. Les évêques français semblent aujourd'hui surtout préoccupés par des problèmes de finance et d'administration de leurs diocèses : l'âge toujours plus vieillissant du clergé et le rétrécissement rendent leur tâche très difficile. Plus encore, une fracture se dessine entre la f'range la plus jeune du clergé et les anciens, ceux qui furent les témoins de l'aggiornamento, voulu par Jean XXIII avec le concile Vatican II. (…) Face à cette situation l'épiscopat français semble assez largement déboussolé et partagé entre ceux qui croient qu'il faut essayer de revenir aux vieilles recettes pour surmonter la crise, et ceux qui ont conscience que cela ne suffira pas et que l'importation d'un clergé étranger - africain notamment, mais aussi centre européen - n'est qu'un cautère sur une jambe de bois. Faute de savoir quoi faire, nombre d'évêques français se rallient bon gré mal gré au discours pontifical contre le "relativisme" et la "culture de mort", comme explication du recul du catholicisme dans les pays de vieille chrétienté. 
   En réalité, l'ampleur du débat qui avait suivi l'affaire Williamson montre que la crise est d'une nature bien différente. Ce n'est pas le désintérêt pour le catholicisme qui s'est ainsi manifesté, mais le fait que les laïcs catholiques sont de plus en plus nombreux à vouloir sortir de l'âge de l'enfance dans lequel la plupart des clercs les voient encore, et où d'aucuns entendent même les maintenir. Cette résistance ou ce passéisme des clercs résulte d'une profonde incompréhension de la manière dont joue la foi dans le monde contemporain et, pour un petit nombre, d'une claire volonté de pouvoir. (…) Ce qui se passe n'est pas le témoignage de l'échec de Vatican II, comme d'aucuns le prétendent mais au contraire la marque de son succès. (…) Les catholiques se sont mis à lire la Bible, à la méditer, à en discuter… Ils ont acquis pour nombre d'entre eux des connaissances théologiques, certes partielles, mais assurément bien plus riches que celles des generations précédentes. (…) Si bien que la crise que traverse l'Eglise est une crise de modernisation. Une crise largement amplifiée par les effets multiplicateurs de l'internet et des moyens modernes de communication. (…) Les tensions sont donc fortes et les enjeux décisifs. C'est une crise que décrivent à la perfection les mots du révolutionnaire italien : "Le vieux se meurt et le jeune hésite à naître". Le vieux ce n'est pas le christianisme en tant que tel, mais la manière dont il s'exprime, dont il se vit, dont il est structuré, non pas depuis toujours mais depuis le XIX° siècle: le jeune qui hésite à naître, c'est la traduction de la foi dans le monde d'aujourd'hui…
   Or la foi n'est pas un corpus de valeurs qu'il faudrait restaurer, c'est croire que la vie - en la personne du Christ qui a épousé la condition humaine jusqu'à la mort - ne cesse de s'ouvrir à nous, dans la traversée même des épreuves et des difficultés qui se présentent, dès lors que nou nous y engageons tout notre être dans une démarche qui allie indissolublement l'amour et la justice."

A la demande d'un lecteur de ce blog voici les références de mon ouvrage:
"Prêtres autrement, ouvrons le débat", Editions Beaurepaire, 15 €
Sur internet : Fnac.com/livres ; Amazon.com ; PriceMinister.com
ou chez l'auteur : paul.maire57@gmail.com

Joyeux Noël 
pour que ce qui est jeune 
n'hésite pas à naître dans nos vies…

1 commentaire:

  1. Je lis en "soupirant" les articles que tu inscris sur (dans ?)ton blog. (je t'écris car je ne sais pas comment "mettre des commentaires")
    Je suis consciente que la hiérarchie de l'Eglise met l'Eglise dans une impasse. J'ai perdu confiance en la tête de l'Eglise lorsque le pape a condamné la théologie de la libération d'une part et d'autre part lorsqu'il n'a pas été donné l'ouverture que laissait supposer Vatican II notamment la place des laics. , à l'époque de nombreux chrétiens emanant de mouvements divers J.O.C, J.A.C., Scoutisme, étaient prêts , encore jeunes, à prendre des responsabilités -
    Dieu est au-dessus de ces personnes de pouvoir. Lorsque je regarde l'histoire de l'Eglise depuis + de 2000 ans , le peu que j'en connais me fait penser que si elle existe encore c'est par le témoignage de personnes qui se référant à l'évangile ont semé auteur d'eux de l'amour, de la solidarité, de l'oubli de soi, qui ont lutté pour plus de justice, plus d'égalité, de digniuté , plus de reconnaissance de la personne humaine. J'aime me souvenir que les écoles, les hôpitaux, les hospices, les orphelinats ont eu comme promoteurs des gens d'église . je pense aussi aux moines. Ce sont ces personnes qui de siècles en siècles perpétuent la foi en Jésus-Crist , en Dieu.
    En ce qui concerne le manque de vocation , je me trouve bien pauvre pour suggérer quoi que ce soit !. Nous avons eu 3 fils. Marcel et moi avons essayé de vivre notre foi au service de nos frères; Nos enfants ont toujours reconnu notre cohérence entre le "dire" et le "faire" ils considéraient que nos engagements étaient "logiques" face à notre foi. - François adhère à un groupe gnostique. Les 5 et leurs familles me respectent, respectent mon appartenance à la religion chrétienne. Eux vivent les valeurs qui sont les nôtres sans "rendre grâce à Dieu" .La générosité , les actes de solidarité, les services rendus, les visites aux malades, aux personnes isolées se vivent autour de nous - tous ces gens "pratiquent" l'évangile.
    Je ne peux moi que "prier" , garder ma "tenue de service", me joindre dans la mesure du possible à ceux qui luttent (mon assiduité au cercle du silence) je crois que ce sont les seules choses qui peuvent "naître"de ma vie !!!!! -

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